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« Nouvelle journée d’action des professionnels de la petite enfance, hier, à l’appel du collectif Pas de bébé à la consigne. (...) La détermination demeure intacte. Un nouveau rendez-vous est fixé au 29 mai. »

Point de conclusions hâtives.

Les chiffres peuvent être trompeurs. Telle est, en substance, la position du collectif Pas de bébé à la consigne après leur journée de mobilisation. Alors que Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille, prédisait un « essoufflement » du mouvement des professionnels de la petite enfance, une troisième journée de mobilisation était organisée, hier, dans une quarantaine de villes en France. À Paris, les 11 mars et 8 avril, près de 10 000 personnes s’étaient donné rendez-vous. Depuis un an, le collectif, rassemblant une cinquantaine de syndicats et d’associations, dénonce le projet de décret gouvernemental assouplissant les conditions d’accueil dans les crèches. Ce décret, d’ores et déjà adoubé par la Caisse nationale des allocations familiales, devrait être publié prochainement même si la ministre se refuse à avancer une date. Le texte prévoit notamment une augmentation des capacités d’accueil dans les structures et l’abaissement du niveau de qualification pour les personnels des crèches.

une bataille difficile pour enfin être écouté

Hier, ils étaient près de 6 000 à défiler de la place de la Bastille à Richelieu-Drouot à Paris. Et Christophe Harnois (Unsa), porte-parole du collectif, de prévenir d’emblée  : « Ce n’est pas un cortège de fin de lutte. » S’il reconnaît une « mobilisation moindre », il note toutefois « un défilé enthousiaste et une volonté d’aboutir ». Un constat que partage également Emmanuelle, éducatrice de jeunes enfants. « 70 % des structures ont été touchées par la grève », avance-t-elle. Et de garantir  : « Certes, il y a un léger essoufflement aujourd’hui mais la détermination est plus que jamais présente. »

Pour Christophe Harnois, « la bataille est difficile pour enfin être écouté ». En effet, le collectif a tour à tour invité Nicolas Sarkozy et Nadine Morano à les rencontrer. Mais ces derniers ont tourné le dos aux professionnels de la petite enfance. En dépit de la surdité gouvernementale, le collectif peut s’appuyer sur le soutien de parents et de médecins de renom. « L’unité se poursuit », note ainsi le porte-parole de Pas de bébé à la consigne.

le gouvernement agit par souci d’économies

Bernard Golse, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker à Paris, leur reconnaît un « combat légitime ». Pour le professeur, « depuis cinquante ans, on sait beaucoup mieux ce dont les bébés ont besoin pour pouvoir se socialiser. Ils ont en particulier besoin d’une très grande qualité des rencontres individuelles » et les mesures envisagées sont « contraires à tout ce que nous avons appris ». « Il ne suffit pas de plonger un enfant dans une crèche pour que la socialisation soit faite » et « il est très important de maintenir la qualification des personnes et le ratio adultes/enfants », ajoute Bernard Golse, qui estime aussi que le gouvernement agit d’abord par « souci d’économies ».

De son côté, le collectif appelle à une nouvelle mobilisation de « grande ampleur » le 29 mai prochain. « Un rendez-vous crucial », souligne Christophe Harnois, prédisant au passage  : « Nous serons des milliers à défiler, professionnels, familles, citoyens. » Histoire de démontrer que le mouvement est loin de s’essouffler.”

Article de Lionel Decottignies publié sur lhumanite.fr