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Témoignage > "Si on se met à faire du travail à la chaîne, je rendrai mon tablier" [lavoixdunord.fr]

« ... On ne peut pas imposer aux parents une nouvelle journée de grève. C’est déjà difficile, pour eux, d’organiser les journées la garde de leurs enfants parfois », défend Sophie Lens, directrice de la Maison de l’Enfant. Le 23 mars dernier, elle et son équipe avaient manifesté leurs inquiétudes. « On avait prévenu les parents la veille de la grève, aucun d’entre eux n’avait d’ailleurs exprimé de mécontentement. » IMG/gif/voix2.gif

Plus d’enfants,autant de personnel

C’est de l’accueil de leurs bambins dont il est question dans ce projet de décret gouvernemental. Notamment « le taux d’accueil en surnombre exceptionnel, qui sera modulé en fonction de la taille de chaque établissement », selon le courrier de Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille et à la Solidarité, adressé aux directeurs d’établissement le 30 mars dernier. Pour la Maison de l’Enfant, qui comprend 25 places, il passerait de 10 % à 15 %, soit cinq enfants à accueillir en plus, « sans augmenter le personnel d’encadrement ». « Dans ces conditions, comment voulez-vous défendre un travail de qualité ?, s’interroge Sophie Lens. Ce n’est pas que nous voulons moins travailler, mais il faut à un moment poser une limite. J’ai envie que Mme Morano vienne se rendre compte de la situation sur le terrain. » Même son de cloche du côté de la crèche « Les P’tits Loups », solidaire du mouvement, mais qui n’a pas voulu pénaliser les parents en organisant une nouvelle journée de grève. Qu’elles soient municipales ou associatives, les quatre structures multi-accueil se sentent toutes concernées par ce décret. « Avoir plus d’enfants à garder sans augmenter le personnel d’encadrement, on ne peut pas l’accepter », dénonce Yvonne Machin, directrice de la crèche associative Martin-Martine.
L’autre point contesté concerne la formation du personnel. « Le décret offre la possibilité pour les crèches les plus importantes de recruter des titulaires d’un CAP Petite enfance ou d’un BEP carrières sanitaires et sociales ayant trois ans d’expérience (...) », explique la secrétaire d’État dans le même courrier. Sophie Lens y voit une baisse du niveau de qualification. « Travailler en crèche, ce n’est pas seulement coucher et donner à manger à un enfant, c’est aussi avoir une capacité de réflexion, une ouverture d’esprit, prendre du temps avec les familles.
Changer l’accueil des enfants, c’est toucher à la sensibilité des parents. » Cela fait vingt-cinq ans que la directrice de la Maison de l’Enfant travaille en crèche. Elle n’est pas prête à renoncer à la défense d’une profession qu’elle aime par dessus tout. Sauf si... « Si un jour, on se met à faire du travail à la chaîne, je rendrai mon tablier. ».